Le Progrès - Lyon - Yannick Devesvre

Yannick Devesvre. Photo D. R.

Le Progrès a écrit:Comment devient-on « chasseur d'orage » ?

On ne le devient pas. Je suis né avec cette passion, j'ai ça dans le sang. Tout gamin, quand d'autres étaient tétanisés dès les premiers éclairs, j'étais « survolté ». Je cherchais à comprendre les épisodes météorologiques. Vers l'âge de 5-6 ans, je m'intéressais déjà au déplacement des nuages, aux chutes de neige. Puis vers 12 ans, ce sont les phénomènes plus violents comme les tempêtes et les orages qui occupaient tout mon temps libre. C'était une suite logique. Le point positif, c'est que j'étais hyper doué en géographie !

Un vrai coup de foudre alors ?

Ça a failli, il n'y a pas très longtemps, la foudre est tombée à moins de 100 mètres de moi… Plus sérieusement, certains sont passionnés par le sport, moi, ce sont les orages. Je me suis équipé d'applications qui me permettent d'analyser les modèles de prévisions et d'anticiper les orages en ciblant les zones concernées. Je sais en temps réels où ils se trouvent. Anticiper les orages ?

Oui, je ne les suis pas, j'essaye de calculer le lieu où ils vont être les plus photogéniques et je les devance. Attention, je ne les provoque pas. Simplement, je prends de l'avance, et je peux faire de très belles photos de foudre au travers des structures nuageuses. Comme il y a quelques jours, le 18 juin, du haut de Fourvière, quand de gros orages se sont abattus sur Lyon.

Votre meilleur souvenir ?

Sans hésitation, le 20 juin 2007, entre Saint-Etienne et Lyon. Une vague orageuse exceptionnelle, unique.

Et le pire ?

Pas pire en terme de danger. Mais plus de frustration. Le 14 juin 2014, j'ai fait l'aller-retour dans le Golf de Gênes, en Italie, mais les orages étaient noyés dans une masse pluvieuse et non photogéniques. Mais mon plus grand regret, remonte à quelques semaines. Je devais me rendre vers Modène pour un gros risque d'orage. Au dernier moment, j'ai dû annuler mon voyage. Et l'orage s'est transformé en tornade. Je m'en mords encore les doigts… Mais ça arrive. Sur cinq chasses, j'en réussis trois.

Votre lieu préféré ?

Il y à la Croatie, où je me rends chaque année durant trois semaines pour mes vacances. Un lieu absolument parfait pour réaliser des photos uniques. L'Italie est très bien aussi. Mais très prêt de nous, les Monts d'Or proposent un « spot » [Ndlr, site] super, avec une vue à 360 degrés. Bien évidemment, mon rêve serait de me rendre aux États-Unis, dans les immenses plaines centrales… Il faut que j'économise, peut-être dans quatre ou cinq ans.

Justement, combien vous coûte cette passion orageuse ?

Entre 200 et 400 € chaque mois. En sachant que, très souvent, je dors dans ma voiture ou dans une toile de tente. Mais les déplacements, le matériel photographique… tout a un coût. 

Pas de conflits, de nuages avec votre famille et vos amis ?

Non, ils comprennent. Même si mes amis me disent que je suis un peu cinglé, toujours speed, comme si la foudre m'était tombée sur la tête ! Mes parents me recommandent la prudence.

Un conseil rapide, comme un éclair ?

Ce dimanche 29 juin, allez faire un tour entre Rhône et Saône-et-Loire, au sud de Macon. Ce sera assez spectaculaire.