Le Progrès - Boën - Georges Bouchand

Enfin, presque. « Cet été, le record de chaleur a été battu à Andrézieux mais pas à Boën. Pourquoi ? Je ne le sais pas. Cela fait partie des bizarreries de la météo. »

Des relevés tous les jours à 8 heures
Ce Boënnais pur jus est devenu observateur bénévole pour Météo France en 1980. Depuis cette date, il enregistre toutes les données météorologiques du coin dans des carnets jour après jour, mois après mois, année après année. « Je relève les données tous les jours à 8 heures. Je note le taux de pluviométrie, la température minimum qu'il y a eu la nuit précédente et la température maximum qu'il y a eue la veille. » Si besoin, il complète ses données avec des analyses sur certains phénomènes météorologiques. À la fin de chaque mois, il envoie ses données à Météo France.

Aider les viticulteurs à cibler leurs actions contre les parasites
Installée dans le jardin, la station automatique prêtée par l'établissement s'est parfaitement fondue dans le paysage de la rue de Pélussin, où Georges et sa femme vivent depuis 1979. C'est avant tout pour sa profession que l'homme s'est proposé pour le poste. Retraité depuis 2005, Georges Bouchand a été en effet un personnage important dans le milieu viticole local. En attestent ces anciennes fonctions de président du Syndicat de défense des vignes du Forez et vice-président de la cave coopérative de Trelins. « Le poste a été créé en juin 1980. C'était une volonté qu'on partageait avec Pierre Constant, technicien à la chambre d'agriculture, spécialisé dans la viticulture. J'envoyais les données par minitel au service de la protection des végétaux, qui publiait des bulletins d'avertissement chaque semaine ». Le but ? Aider au mieux les viticulteurs à cibler leurs actions contre les parasites type eudémis ou cochylis, qui pourrissent les raisins. « S'il tombait 15 mm de précipitations, les viticulteurs devaient remettre une couche de traitement car il aura été lessivé par la pluie. Les années pluvieuses, on utilise le traitement une douzaine de fois par an. Sinon c'est cinq fois en moyenne. » Ce fils et petit-fils de viticulteur, amateur de lectures classiques et contemporaines, s'est prêté au jeu au point de garder son poste après la retraite. « Ce qui m'intéresse c'est comparer les statistiques. Pour moi, c'est ce qui fait la météo. Depuis 1995, je rentre les données dans un logiciel. Mais je ne suis pas un monsieur météo. Je regarde les prévisions à la télé et sur internet comme tout le monde. Je ne suis pas sans arrêts en train de consulter les données. » Il s'autorise quand même un petit plaisir. « Les jours où il fait vraiment chaud, je regarde comment évolue la température tout au long de la journée. » Et il a appris quelques trucs en 30 ans. « Vous voyez ces nuages en forme de voile ? C'est signe qu'il fera beau. »

Georges Bouchand a réponse à tout
Le jour le plus froid à Boën-sur-Lignon ? « Le 21 janvier 1985. Il avait fait -21 degrés. »
Le jour le plus chaud ? « 40,5° le 31 juillet 1983. Il avait fait 40,7 à Andrézieux-Bouthéon au même moment. »

180 euros
C'est la somme que touche Georges Bouchand par Météo France chaque année. Il le confesse : « C'est une petite rémunération mais ce n'est pas le but premier. »

Yannick Foustoul